La plus grande part de sa peinture se trouve là. Un spectacle visuel où le mouvement et l’énergie du geste se disséminent en rebonds et épanchements colorés ; un cadre dans lequel il vient se resituer en brossant sommairement son propre canevas ; un déferlement de gestes répétés dans des carnets de croquis, ingérés à l’ombre des tableaux où ils viennent déborder le canevas esquissé auparavant ; une stratification de couches se mêlant les unes aux autres, se recouvrant comme se chassent sans s’éteindre les différents tableaux d’un même ballet.
Aujourd’hui, la peinture de JonOne s’affirme comme pleinement abstraite et gestuelle, mais elle n’en est pas moins hantée par la répétition de ses tags. Il suffit de regarder ces dernières toiles pour s’en rendre compte. Et de savoir que tout moment libre verra le peintre sortir une feuille et un posca pour condenser l’énergie de ses calligraphies. « Conduit », presque contraint, par sa signature et ses variations, il s’attache à l’exalter et à en explorer les accents : dans ses peintures les plus récentes, l’enchaînement de ses lettres vient se retourner sur lui- même, voire implose. « Ce n’est pas ce qui est écrit qui est important dans mon travail : les lettres, c’est un motif pour pouvoir évoluer. L’essentiel, c’est l’énergie de ma peinture ».
L’omniprésence du visible s’entremêle chez JonOne avec une saturation, s’étend en un point aveugle où la chorégraphie des couleurs tranchées s’obscurcit. Il est presque possible de l’imaginer travailler les yeux fermés, à l’image des danseurs dans les ballets de l’opéra. Car, comme a pu l’écrire Lyotard à propos de Sam Francis, sa lumière est aussi une leçon de ténèbres. « Like the paintings of a blind man ». *